Les chemins de la transition

Notre époque est secouée par une série de crises systémiques. Ces dernières ne sont pas insurmontables, mais leur enchaînement nous montre progressivement les limites de notre organisation sociétale aux niveaux économique, social et environnemental.

Pour ceux qui en doutent encore, je les encourage à regarder le magnifique article de Time magazine en partenariat avec Google, qui fait la part belle aux images de notre planète sur les 30 dernières années, intitulé sobrement « Timelapse » qui signifie en français « saut dans le temps ».

Nous l’avons déjà abordé ici, nous avons déjà l’ensemble des solutions qui nous permettent d’effectuer la transition vers un système politique, économique et social soutenable, voire durable. La transition écologique en somme…

Pourtant de nombreuses personnes continuent de voir uniquement les contraintes, et refusent de prendre en considération les changements de direction possibles et souhaitables! Pour répondre à ces nombreux déclinistes, il est temps de rassembler l’ensemble des initiatives positives émergentes.

Nous sommes en train de prendre conscience du verrouillage intellectuel de notre société à travers les doctrines dominantes concernant l’économie, la politique, les médias de masse, les idéologies nauséabondes…

enseigne CC

Il faut se méfier des voies miraculeuses évoquées par certains, qu’elles soient spirituelles, sociales ou technologistes, non pas qu’elles soient toutes mauvaises, mais simplement parcequ’elles ont tendances à occulter le fait que les solutions sont déjà là et qu’il n’est pas nécessaire pour réussir de chercher des voies de rupture. Si ces ruptures technologiques, sociales ou spirituelles ont lieu dans les années à venir, elles ne feront qu’accélérer les processus déjà en cours, à condition qu’ils aient été lancés avec dynamisme en attendant.

Comment faire la transition vers un système équilibré, non destructif, stable, sain, serein, joyeux?

Un certain nombre de scénarios, élaborés patiemment et indépendamment des pouvoirs politiques et économiques classiques, permettent d’entrevoir les chemins qui pourraient mener notre société vers une évolution positive, individuellement et collectivement.

Avant d’aborder ces scénarios, je vous encourage à regarder, et pourquoi pas à compléter, la cartographie heuristique ci-dessous. (envoyez moi un mail pour que je vous ajoute sur la carte en tant que collaborateur.)

Transformation, transition, évolution

Le premier élément à intégrer, c’est que nous avons suffisamment de ressources pour permettre à tout le monde de vivre décemment, y compris lorsque nous aurons atteint le pic de population mondial.

Nous serons au maximum 11 milliard d’humains sur terre selon les prévisions de l’ONU!

Les solutions existent et nous les avons déjà toutes! Elles ne sont pas supposées, ou rêvées, elles sont déjà efficaces et ne demandent qu’à être mises en oeuvre à grande échelle.

Après notre article concernant les solutions existantes, un peu en vrac, je me permets d’enchérir sur le sujet avec une liste de documents issus d’organismes indépendants et sérieux:

Ces Études Poussées Sur Le Sujet Nous Montrent Le Chemin:

Commençons par les conditions matérielles de la vie des humains, en premier lieu, il convient de concevoir les sytèmes agricoles permettant à tous de se nourir sans appauvrir les sols, ni polluer à l’extrême l’environnement, les nappes phréatiques, assécher les rivières…

Le scénario AFTERRE trace le chemin vers une agriculture très productive et très respectueuse de l’environnement, en appliquant certains principes de bon sens, et d’autres issus de l’agroécologie. Il ne s’agit pas d’un scénario dogmatique, puisqu’il ne s’interdit pas de manière absolue l’utilisation d’engrais ou de pesticides, mais il envisage de manière crédible une utilisation multiples des sols permettant de maximiser les rendements en équilibrant les cultures.

Un exemple de l’utilisation des sols dans le scénario AFTERRE:

Exemple de l'utilisation des sols dans le scénario AFTERRE

 

L’évolution de la consommation de produit alimentaire, vers moins de produits carnés et une augmentation des protéines végétales:

Composition de la ration alimentaire dans le scénarion  AFTERRE

 

Une fois que la question de la nourriture est réglée, il faut s’attacher aux ressources énergétiques:

C’est là que le scénario Negawatt entre en jeu. Partant des éléments actuels et des technologies en fonction actuellement, ce scénarios trace une voie de transition énergétique et écologique à l’horizon 2050:

 

 

La démarche Négawatt

 

Schéma simplifié 2010

 

 

Schéma simplifié 2050

 

Il est intéressant de voir que ces deux premiers scénarios sont actuellement en train d’évaluer leurs convergences. Peut-être assisterons-nous à une fusion des deux scénarios à terme, vers une démarche prospective globale de notre système.

Afterres2050 Et NégaWatt 2011 : Les Convergences

Le scénario négaWatt 2011 et le scénario Afterres2050 de Solagro reposent sur des fondamentaux similaires – partir des besoins, appliquer la sobriété, l’efficacité, le recyclage ou la valorisation des ressources renouvelables, …

Parmi les points d’interface :

  • Afterres2050 fournit à négaWatt la quantité de biomasse mobilisée pour l’énergie. Bois, biogaz, carburants, représentent 40% de l’énergie finale en 2050. Le principal carburant utilisé en 2050 sera le méthane, issu de biogaz et de bois via la gazéification puis la méthanation ;
  • Le scénario Afterres 2050 complète négaWatt en matière d’agriculture et de forêt : il traite la majorité des gaz à effet de serre hors CO2 énergie (méthane et protoxyde d’azote d’origine agricole) et des puits de carbone (forêts et sols agricoles).
  • Les besoins en matériaux (bois de construction, papier, paille…) sont définis à partir du programme RENOV de négaWatt, (construction et rénovation des bâtiments),
  • Inversement la production d’engrais azotés et la consommation d’énergie de l’agriculture issue d’Afterres2050 est versée aux « tableurs et scénario » négaWatt.

Au final, un beau travail de collaboration, qui se poursuit.

Maintenant que nous avons vu que les conditions purement matérielles pouvaient être satisfaites pour tout le monde, il faut compléter le tableau avec les transformations de notre système économique et social.

On assiste à l’émergence d’un certain  nombre de pratiques permettant aux individus de minimiser leur dépenses tout en ayant accès à des biens ou des services de haute qualité. Il s’agit de la vague de la consommation collaborative qui permet d’envisager la richesse et la propriété sous un angle légèrement différent permettant à chacun à travers la redécouverte de la richesse collective et de l’échange social, de bénéficier de bien plus de choses que si l’on reste un « agent économique » solitaire. Cela nous amène naturellement vers l’économie du partage, popularisée par le mouvement du logiciel libre notamment, si tu copies un logiciel libre tu t’enrichis de ce logiciel et grâce à ce logiciel, tu n’as privé personne de son utilisation, tu n’as pas appauvri son propriétaire, car nous en sommes propriétaire collectivement, le logiciel a éventuellement des auteurs, mais cela s’arrête là…

Conso collaborative

Ces même principes sont applicables à l’ensemble des idées, il n’est plus nécessaire de breveter des idées, mais d’organiser les modalités de leur réalisation, plus les idées sont partagées, plus il est facile de connecter les opérateurs économiques entre eux afin de dynamiser la réalisation…

L’économie circulaire propose de transformer les déchets en matière première réutilisée pour la conception des produits ou pour d’autres utilisations. En d’autres termes, ne plus créer de résidus que les systèmes industriel et naturel ne puissent absorber. La boucle est bouclée. Cela représente bien entendu un gain de compétitivité énorme pour les industries qui ont une maîtrise de leur flux de matières premières.

Economie circulaire

Il faut rapprocher le concept d’économie circulaire de celui d’écologie industrielle.

 

Dans les stratégies économiques et sociales en rupture radicale avec le climat de pensée actuel, un concept fort est en voie de concrétisation à travers le lancement d’une initiative citoyenne européenne et d’une initiative fédérale en Suisse.

Logo des ICE

Ce concept, c’est celui du revenu de base, qui porte différents noms selon les penseurs qui l’évoquent. La définition choisie par le mouvement français pour le revenu de base est la suivante:

Le revenu de base est un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement.

Logo mouvement pour un revenu de base

Les impacts en terme sociétaux sont immenses. La notion même de travail en est bouleversée. Il n’est plus nécessaire d’accepter n’importe quel travail pour vivre. La négociation entre employeurs et employés est rééquilibrée, les emplois pénibles sont revalorisés. La misère économique disparaît. L’instauration d’un revenu de base aurait pour effet de libérer l’innovation et la créativité et donc la création de valeur économique et sociale.

Dans un monde où le travail disparaît alors que la richesse totale ne cesse d’augmenter, la solution paraît évidente: il faut partager la richesse!

Bannière revenu de base en français

 

Les deux derniers éléments que j’évoquerai dans cet article sont plus généraux.

Le concept d’éducation populaire n’est pas nouveau, il vise à donner, en dehors du circuit scolaire ou institutionnel, un accès aux savoir et à la culture, pour l’ensemble des individus, quelle que soit son extraction sociale.

Cette éducation, plus libre, capable de s’affranchir du carcan institutionnel et de ses limites, est l’une des conditions indispensables de l’évolution de notre société. L’école tend malheureusement à reproduire les distinctions sociales, sélectionne une élite, et lui donne les clés pour gouverner. L’éducation populaire vise quand à elle à donner à tous, sous la forme qui lui convient le mieux, les clés de sa propre réussite, de l’accomplissement de ses projets. Elle questionne également les bases sociales et civiques qui fondent notre société.

Si vous souhaitez approfondir, la SCOP Le Pavé détaille très bien ces concepts dans ses conférences gesticulées.

Je voudrai également évoquer une démarche très intéressante qui se décline sur 3 axes:

  • celui des comportements individuels,
  • celui du mode de fonctionnement des organisations,
  • celui des politiques et des institutions.

Il s’agit du Pacte civique, qui, à travers 32 engagements relativement simples, trace la voie vers une société équilibrée et solidaire. Ces engagements concernent les individus eux-même et leurs modes de fonctionnements collectifs au sein des organisations.

 

logo_pactecivique

 

L’apparition de nouvelles formes de gouvernance, et la volonté de transformer nos vieux schémas démocratiques. Qu’il s’agisse de pousser à la transparence de nos élus, ou d’obtenir facilement les informations dont dispose l’Etat, nous assistons à une transformation progressive de la conception de gouvernement.

 

La démocratie ouverte

 

Des projets émergent, en ayant pour objectif de rendre la place aux citoyens dans le débat démocratique:

Parlement et citoyens, innove et propose aux parlementaires de co-construire la loi avec les citoyens.

Démocratie Durable permet aux citoyens de proposer des projets et fournit une base de projets aux élus, locaux comme nationaux.

Des développeurs sont en train de concevoir des logiciels libres permettant de faire de la démocratie directe à l’échelle d’un pays.

D’autres sont en train de fabriquer les logiciels permettant de s’affranchir des contraintes techniques permettant de brider le réseau Internet

En conclusion, bien que cet article ne vise pas à l’exhaustivité, lorsque l’on se retrouve face à la morosité ambiante, il faut promouvoir les idées positives déjà présentes et en cours de mise en oeuvre. Ces engagements positifs sont, j’en suis convaincu, le terreau fertile du monde de demain.