La cartographie des débats (Mind-Mapping Collaboratif)

Il y a déjà neuf mois, je vous proposais un article sur le mind-mapping collaboratif en ligne. Je vous présentais alors trois logiciels qui me paraissaient en pointe dans leur domaine. Pour les lecteurs réguliers, j’avais auparavant commis un article posant les bases d’une exploration du vaste monde du mind-mapping.

J’ai décidé de compléter cette première approche avec deux logiciels que j’ai testé depuis et qui présentent des avantages différents, tout en restant largement collaboratifs:

Ces deux logiciels sont spécialement conçus pour cartographier les débats en direct, ou en différé :

 

Debate-graph :

Il s’agit ici d’une variante logiciel du mind-mapping, spécialisé dans la cartographie de débats complexes. Debate graph offre des fonctions avancées de partage et de collaboration, de création de communautés, de création et d’archivage de cartes publiques et privées.

Il ne s’agit pas d’un logiciel libre, toutefois, la plupart des cartes sont sous licence creative commons, et l’objectif affiché des créateurs est de fournir une base de données des connaissances et de débat public, au niveau  mondial aussi bien qu’au niveau local.

La communauté d’utilisateurs est extrêmement large, elle comprend quelques organismes internationaux de premier plan, cela laisse présager un avenir radieux pour ce logiciel qui est le plus complet que j’ai pu essayer.

Si vous utilisez Debate-Graph, n’hésitez pas à m’inviter comme collaborateur :

 

 

Incoma :

Avec ce logiciel, nous restons dans la cartographie de débat. Ici le logiciel est beaucoup plus simple. Légèrement inspiré des etherpad dans la manière à chacun de pouvoir collaborer, y compris de manière anonyme. Le logiciel a été développé comme support pour les manifestation pacifique et autogérées en Espagne des “indignados” et des mouvement “occupy” à travers le monde, ainsi que des printemps arabes. L’inspiration vient des mouvements citoyens, de la liberté d’information, de l’intelligence collective des logiciels libres, de l’autogestion, de l’égalité face au raisonnement et à la connaissance.

La version Béta 2 est sortie le 10 février 2014, elle s’appelle Incoma Akiba Edition

Elle apporte la traduction française de l’interface, une amélioration de la visualisation des graphes et de leurs relations, un système de conversation et d’édition collaborative des types de nœuds.

Quelques fonctions essentielles restent aujourd’hui manquantes en terme d’édition des graphes, une gestion des droits des utilisateurs, un abonnement aux mises à jour d’une carte, un système d’invitation, une possibilité d’intégration html sur un site internet externe, etc.

C’est un logiciel libre, tous les développeurs, traducteurs et autres gestionnaires de projet sont les bienvenus.

Vous pouvez déjà participer aux cartes en français qui se trouvent aux adresses suivantes :

L’intérêt de la cartographie du débat d’idées

Solutions pour une meilleure démocratie

L’intérêt d’utiliser un logiciel comme Incoma

Capture du 2014-03-05 15:19:17

 

La démocratie représentative est-elle une démocratie?

 

Est-ce que glisser son bulletin dans une Urne à intervalles réguliers est une décision?

En réalité ce que nous appelons démocratie aujourd’hui, la démocratie représentative, n’est qu’un processus de légitimation d’une classe dirigeante plus ou moins refermée sur elle-même.

Ce n’est pas une fatalité, la démocratie directe existe, et je ne parle pas du référendum, qui n’est qu’un outil démagogique visant à légitimer une décision déjà prise par ailleurs.

Je vous parle de processus législatifs et réglementaires ayant une forte composante de subsidiarité (l’échelon local décide localement, l’échelon national décide nationalement) sauf qu’au lieu de réduire le nombre de citoyens participants au processus, il augmente au fur et à mesure que l’échelle géographique s’agrandit.

Nous avons les outils techniques aujourd’hui pour prendre des décisions politiques, économiques, sociales, à 70 millions de citoyens. Certainement que nous ne serons pas 70 millions à chaque décision, mais nous serons assurément plus nombreux que le millier de privilégiés qui prennent aujourd’hui l’ensemble des décisions pour l’ensemble de la population.

Et afin de dépasser le principe du référendum, qui favorise uniquement l’expression des préconçus des citoyens, les textes écrits collectivement par les citoyens seront amendés selon un processus itératif et simultanément dans plusieurs cercles de réflexion. Tous les citoyens pourront prendre part à la rédaction et à la décision, mais pour ce faire il devront prendre connaissance des textes et des débats préalables. Nul ne pourra ajouter sa voix sans avoir été contraint à un effort de confrontation de ses opinions avec les débats en cours. Ces différents moyens garantissant un débat constructif seront couplés à un procédé visant à garantir la représentativité des différentes composantes de la société, chaque citoyen appartenant à plusieurs catégories (lieu de vie, éducation, travail, revenus, âge, …) ces différents éléments pourront être intégrés, afin de garantir une expression équitable de l’ensemble des composantes de la population.

Ce genre de processus décisionnels existent déjà dans de nombreux mouvements sociaux, les outils techniques permettant de soutenir ce type d’architecture démocratique sont en cours de réalisation. Nous sommes donc loin d’une utopie!